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Les Almanachs de Gotha

Dès l’âge de quatorze ans, Michel Wittock s’est senti attiré par les vieux livres. Cet attrait, vite transformé en véritable passion, s’est d’abord porté vers les ouvrages de généalogie, d’héraldique et de topographie sur les anciens Pays-Bas méridionaux et la Principauté de Liège (c’est-à-dire la Belgique actuelle). Cette collection, rassemblée au cours de vingt années de patientes recherches, a fait l’objet d’une dispersion aux enchères en 1996, le produit de la vente devant l’aider à terminer la construction du second niveau de la Wittockiana. Un seul lot a, pour son plus grand bonheur, échappé à la convoitise des collectionneurs : l’impressionnante série, presque complète, des petits almanachs de Gotha.

Publié sans interruption depuis 1764, le plus célèbre annuaire mondain ne résiste pas à la Seconde Guerre mondiale et cesse de paraître en 1944. L’exceptionnel ensemble présenté ici commence avec l’année 1772 pour se terminer avec le dernier et rarissime volume de 1944, dont pratiquement tout le stock fut détruit chez l’éditeur suite à un incendie survenu au cours des bombardements effectués par l’aviation alliée. Autre particularité, amusante celle-là, l’année 1808 figure ici en deux versions différentes. Alors que le second tirage, censuré comme il se doit, se présente avec le portrait de Napoléon, le premier tirage, rarissime, est illustré des portraits de Nelson et du premier ministre britannique William Pitt. Ces portraits ayant particulièrement déplu à Napoléon, celui-ci les fit retirer de toute l’édition, mais l’éditeur remit en vente quelques exemplaires avec un titre déguisé et les portraits d’origine.

Au fil du temps, depuis la rédaction des premiers volumes, les notices mondaines et généalogiques vont se multiplier et s’étoffer. Leur ordre va également être modifié en fonction des bouleversements occasionnés par la Révolution : l’apparition des familles médiatisées, c’est-à-dire les anciennes familles souveraines allemandes, et, plus tard, de maisons souveraines non européennes dont il n’est pas fréquent de trouver une généalogie ailleurs que dans le Gotha (Osman, Chine, Royaume du Tonga ou Sultanat de Zanzibar). Au XIXe siècle, l’Almanach de Gotha s’accroît en outre d’une importante partie diplomatique et politique, reprenant des notices sur tous les États souverains, leurs chefs d’État, corps politiques, les représentations diplomatiques et consulaires, ainsi que d’autres données statistiques d’ordre économique. On y découvrira également de précieux renseignements sur l’administration coloniale et les fonctionnaires publics nommés à l’étranger, à commencer par l’État souverain du Congo ou l’impressionnante série de colonies britanniques.

Le format a donc nécessairement changé et les volumes ont pris beaucoup d’embonpoint au fil des ans. Leur présentation a également évolué. Recouverts à l’origine par de charmantes couvertures en papier décoré et protégés par de ravissants étuis chamarrés, ces petits volumes ont ensuite été cartonnés et illustrés, puis recouverts de toile gaufrée aux armes de Saxe, avant d’être habillés des célèbres cartonnages rouge et or. De nombreux volumes conservent encore ici leur étui de papier dominoté.